L’évaluation du plan du prince Hayton pour une Croisade nouvelle

L’évaluation du plan du prince Hayton pour une Croisade nouvelle

Edmond Schütz

37th Meeting of the PIAC, Chantilly 1994

Après les conquêtes de Saladdin, il y avait qu’un mince espoir de reconquête de la Terre Sainte. Mais l’arrivée des Tatars et l’établissement de leur dynastie Ilkhanide dans la région orientale du Khalifat était de bon augure. Bien que la victoire des Mamelouks à Ayn Djaloute parût être un échec définitif, les Ilkhans n’abandonnèrent pas pour autant le plan de former une coalition avec les grandes puissances d’Occident et de réiterer leurs tentatives. Mais l’Occident était englué dans des querelles territoriales entre pays voisins et l’Ilkhanat fut ainsi laissé livré à lui-même. Seuls les Arméniens de Cilicie entretenaient des espoirs et restaient des alliés à ses côtés.

Les trois grandes expéditions en Syrie autour de 1300 s’achevèrent par des défaites. Le prince Hayton, témoin occulaire de toutes les campagnes, fut en mesure de connaître l’léuilibre des forces des adversaires et les forces motrices. Il vit que c’était en fait les attaques des principautés tartares du Nord, leurs propres cousins, qui forçaient les Ilkhans à quitter le champ de bataille.

C’est pourquoi Hayton esquissa un plan de stratégie pour une nouvelle Croisade. Certains historiens, ne comprenant pas bien l’arrière-plan de la question, ont une appréciation erronée, negative, de l’élaboration de Hayton, et voient en lui un Arménien nationaliste qui n’esquissait ce plan que pour en tirer profit pour son propre pays et Chypre.