Les noms propres dans l’Histoire secrète des Mongols
37th Meeting of the PIAC, Chantilly 1994
L’Histoire secrète des Mongols comporte trois types de noms propres : toponymes, ethnonymes et anthroponymes, en très grand nombre (un millier environ). S’ils ont souvent fait l’objet de recherches étymologiques (en particulier par Paul Pelliot), ils n’ont jamais fait l’objet d’etudes exhaustives ni n’apparaissent systématiquement traduits dans les editions en langues occidentales de l’Histoire secrète. Or, les noms propres etant voulus signifiants, c’est se priver de sens que de ne pas les traduire (du moins de ne pas tenter de le faire, certaines restitutions étant evidemment hasardeuses). Outre cet avantage, ce sont toutes sortes d’analyses qui deviennent possibles, comme le montre la récente traduction (sous presse aux editions Gallimard) effectuée par M.-D. Even et R. Pop qui ont pris le parti de traduire autant de noms propres que faire se pouvait :
- analyses linguistiques : distinction entre déterminant et déterminés dans les noms de personne composés ; distinction entre divers usages d’un même ethnonyme, tantôt au sens originel, tantôt en tant que sobriquet, etc.
- analyses ethnologiques : partage d’éléments sémantiques ou phonétiques communs entre membres d’une même lignée ou d’une même famille ; mise en évidence de champs de signification préférentiels — parmi les valeurs : fermeté, dureté (fer et pierre en particulier), intelligence rusée ; parmi les animaux : ruminants à corne et rapaces ; caractères péjoratifs de certains noms d’ennemis ; extension des apotropaïques, etc.
- analyses historiques : emprunts à d’autres langues, problèmes d’ethnogénèse, problèmes de répartition territoriale, etc.