Réminiscences du rituel de mariage mongol traditionnel, dans le mariage moderne

Rodica Pop

Réminiscences du rituel de mariage mongol traditionnel, dans le mariage moderne

47th Meeting of the PIAC, Cambridge 2004

Le mariage traditionnel mongol est perçu, avant tout, comme une affaire d’alliance entre deux lignées, et non l’affaire des individus. Cette alliance est présentée par les Mongols en termes de respect d’une règle ancestrale incontournable, constamment rappelée, et commune à la nation toute entière. La langue restitue ces conceptions en associant sous le terme de tör l’idée de mariage et celle d’Etat ou de règle sociale fondamentale (cf. par exemple tör xurim «mariage/festin d’Etat», ou ix tör «grande regle»).

Le but de cette alliance est de perpetuer les lignées (devoir envers les ancêtres) et de consolider les liens sociaux, (devoir envers la société ou I’Etat). L’objet qui concretise cette alliance est la femme, qui circule d’un lignage a l’autre et garantit leur perpétuation, mais sans jamais appartenir totalement à aucun d’eux. Dans ces conditions, le rituel de mariage traditionnel scelle une alliance entre clans ou groupes de parenté et ne concerne pas ou peu les désirs individuels des jeunes gens.

Le rituel de mariage moderne garde son statut de règle sociale fondamentale. Neanmoins, les désirs des jeunes gens devenus plus autonomes sont plus evidents.

Le principe de l’exogamie strictement restecte jadis est difficile a mettre en pratique a l’époque moderne, car, d’une part, outre le fait que les noms de clans ont été largement oubliés en Mongolie, les mouvements migratoires vers des populations vers les villes ou les fermes d’Etat, l’éparpillement des lignages a travers le pays, ont rendu difficile, voire impossible, l’identification des individus à des lignages définis et par rapport auxquels on peut situer son propre lignage.

On remarque Ia place importante qu’occupe à nouveau au grand jour l’astrologie bouddhique. Ainsi, on se presse au Palais des mariages d’Oulan-Bator aux jours considérés comme fastes dans le calendriér traditionnel et la presse se fait régulièrement l’écho du nombre record de mariages enregistrés à ces occasions.

Le mariage mongol traditionnel était constitué d’une longue et complexe succession de rituels. Mais, si l’on dépouille le cycle matrimonial mongol pour ne garder que son rituel minimal et indispensable, on constate que le rite essentiel et déterminant (fondamental) est la presentation de l’écharpe votive (xadag tavix) par le preneur et son accceptation par le donneur: ceci équivaut à une décision d’alliance, qui est la condition sine qua non permettant la suite du cycle matrimonial.

Les nombreuses étapes du rituel traditionnel ont été comprimées et simplifiées. Ainsi, dans le cas des parents mis devant le fait accompli par leur fils dont la petite amie était enceinte, la demande de bru, la présentation du xadag et la discussion, de la compensation d’autrefois s’accomplissent lors dune seule visite.

Les influences occidentales voire soviétiques, qui ont pénétré la culture mongole a l’époque socialiste sent évidentes, et se doublent depuis maintenant une dizaine d’années d’emprunts au modèle américain. Toutefois on perçoit parallèlement une volonté de faire revivre les coutumes nationales si etouffées sous le regime communists.