Teaching French in LEA, Practice and Application: Experience of Paris III University
50th Annual Meeting of the PIAC, Kazan 2007
Summary. This article is devoted to the elaboration of the efficient program of teaching foreign languages to the students of the University Paris III studying the specialty Applied foreign languages. This program foresees the fight against the in- terlinguistic interference, and it is based on the method of the linguistic phenomena investigation and synthesis.
Si l’enseignement du français dans les filières traditionnelles de l’université française, (lettres modernes et classiques) est depuis longtemps défini, celui que l’on dispense aux étudiants inscrits en LEA ne fait l’objet d’aucun consensus et d’aucun programme. Comment mettre au point un cursus de français en LEA? Peut-on parler d’une spécificité du français LEA qui réponde à la fois aux critères universitaires et aux critères professionnels? La démarche, menée à Paris III, a impliqué une réflexion et une analyse des besoins et des objectifs des étudiants en matière linguistique. Nous avons voulu construire un cursus LEA qui réponde à la fois aux critères universitaires et aux critères professionnels, c’est-à-dire a ceux de l’entreprise prise dans son sens le plus large, puisque l’оn sait que l’éventail des répartitions professionnelles est très vaste. Quelles sont, dans ces conditions, les compétences requises en LEA? Quels savoir-faire doit acquerir l’étudiant pendant ses trois premières années?
Il doit, nous le pensons, apprendre a reflechir sur sa propre langue, trop souvent considerée par les étudiants comme absente du champ d’étude parce qu’acquise depuis longtemps de façon instinctive. Mais cette réflexion, au lieu de replier le langage sur l’arbitraire de ses règles et de ses normes, permettra de déboucher sur la notion de texte comme discours et d’associer l’organisation textuelle et la situation de communication. On peut ainsi aborder la lecture intelligente, c’est à dire l’esprit critique vis-à-vis des sources et des textes, la production des écrits et des éléments de culture contemporaine, et donc la connaissance du monde nécessaire a l’interpretation et à la traduction des textes de presse, par exemple, ce qui implique une culture généraliste et immediate. Les étudiants seront ainsi capables de repérer les interferences essentielles d’un message: interférences diachroniques, diatopiques (variations dans l’espace), interférences diastratiques (niveau de langue) et sociolectales (sociolectes ou idiolectes dans le vocabulaire de l’entreprise par exemple). Il s’agit donc de fédérer differents domaines de l’analyse du discours pour parvenir à la reconnaissance de la dimension énonciative, sociale et culturelle de la langue, ou, selon le mot de Michel Foucault “faire surgir le texte dans la complexité qui lui est propre” (L’Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969, p. 65).
Nous tenterons d’analyser le cursus LEA qui débute par un premier semestre de méthodologie introduisant les techniques de recherches et de synthèse : inventaire des ressources, typologie des textes, sélection des documents, critères de fiabilité dans le choix des documents, toutes opérations préparatories indispensables à un cursus universitaire, avant d’ébaucher une didactique de la linguistique visant a donner aux étudiants les outils necessaries a l’analyse du discours, et à les préparer à la production d’écrits professionnels aussi importants que la synthèse de textes contradictoires, qui reste notre exercice phare dans la mesure où elle fédère les qualités d’analyse, d’argumentation et de rédaction que nous devons attendre d’étudiants bien formés.